Je te voulais
Je te voulais parce que tu étais une partie de l’univers qui m’appartenait. Yang et Yin, tu étais au genre masculin ce que j’étais au féminin. Nous aurions été ensemble une île, un microcosme, un Eden, un astre qui tourne sans se demander pourquoi son orbite existe.
Mais je t’ai perdu et moi seule continue à te chercher dans la fleur qui éclot, dans le grain qui grandit avec abondance au printemps et, comme un chien errant, je vais en mendiant et en frappant à mille portes pour savoir pourquoi. Pourquoi dois-je exister si je ne peux pas rester avec toi et vivre en me rongeant dans le doute ? Pourquoi supporter cette angoisse et devoir aussi me fatiguer pour gagner le mètre de terre sous lequel je serai enterrée ?
Et, pleine de nostalgie, je regarde le soleil qui me rappelle tes yeux aveuglants, et la lune pâle et claire comme ton âme, et les arbres puissants de la forêt qui me rappellent ton corps, et les ronces, ces ronces qui me piquaient aux pieds quand je voulais te rejoindre. Et la nuit, quand je regarde les étoiles, je me demande pourquoi existe la gravité et une attraction si forte entre un homme et une femme qui, inconnus l’un pour l’autre, se reconnaissent d’emblée et, d’instinct, commencent à se chercher sans trève.
Je te voulais désespérément comme quelqu’un qui n’espère pas trouver ce qui lui manque et qui le découvre soudain et je suis triste comme celle qui, en marchant dans le désert, aperçoit, dans un mirage, une oasis entourée d’eau ou comme lorsque, fillette, je tentais par jeu de saisir les rayons du soleil qui s’effaçaient dès que j’allongeais la main.
Mots-clés : poemes, pome